LA PEAU DURE

série Beau Menteur

#fag

J’ai compris ma différence à l’école, à travers les surnoms péjoratifs que me donnaient les copains de classe. J’étais une fifille à la maternelle, une chochotte en primaire, la tarlouze du collège. Je ne me suis pas recroquevillé mais j’ai grandi avec ça. Aujourd’hui revendiquer ces expressions à connotations négatives, c’est les vider de leur sens injurieux. C’est faire changer la honte de camp et ridiculiser l’injure à la source. Dans les années 1990, la communauté LGBT+ s’est déjà réapproprié le mot queer qui signifiait bizarre. Désormais, le terme queer n’a plus rien de dégradant…

Cette série questionne la résistance à la norme dans l’espace public. La rue est un territoire à défendre pour les minorités. C’est aussi un bel espace de créativité.

Comme une envie, post-confinement, d’exposer à l’air libre ! Au départ, j’avais imaginé filmer discrètement le regard des passants devant des affiches de Beau Menteur dans sa petite robe noire placardées sur les murs de Paris. Mais la colle n’a pas eu le temps de sécher qu’elles avaient déjà été arrachées. Il s’agissait peut-être d’une réaction homophobe. Mais graphiquement ces déchirures m’ont tout de suite plu. J’ai photographié mes images éventrées comme autant de blessures, en hommage aux victimes de violences. Sans le savoir, le vandale a transformé mon installation éphémère en une prise de vue militante pour la différence. L’amour l’emporte toujours, voilà la morale de cette histoire.

Et d’autres que toi sont venus (Série 2021).

Série photographique extraite de Beau Menteur. Modèle Benjamin.
20 x 30 cm. Jet d’encre pigmentaire sur Hahnemühle Rag Baryta 315g. Tirages limités à 5 exemplaires / photo.

Séries extraites de Beau Menteur

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