PUNKS À CHIENS

L’altérité dans la vi(ll)e

Utopistes

Antifascistes et anticapitalistes dans l’âme, attachés à la liberté et à la fête, les punks à chien souvent le sont parce qu’ils n’acceptent pas la société telle qu’elle est. Ils optent pour un autre mode de vie et militent pour un monde meilleur. Depuis peu, ils sont la cible d’un arrêté « anti-mendicité agressive » en centre-villes.

Pourtant, dans la limite du respect d’autrui et des droits d’usage, l’espace public appartient à tous. Pourquoi stigmatiser celles et ceux qui font la manche ?

Les punks à chien que je photographie ont fait ce choix de vie ! J’ai du plaisir à les croiser. Je les aide quand je peux. S’ils partagent la rue avec les riverains, contrairement aux idées reçues, c’est qu’il y règne une grande solidarité. Être punk, c’est toute une culture. Leur culte pour la fête en fait partie. Rejeter le système ne les empêche pas d’être des personnes ouvertes d’esprit. La relation qu’ils nouent avec leur chien me touche. « Ils ont le plus grand jardin du monde et ils voient toujours le ciel ». Beaucoup d’entre eux donnent à manger à leur chien avant de se nourrir eux-mêmes. Ils les considèrent non pas comme des animaux domestiques mais comme des personnes à part entière.

Au sein des communautés singulières que j’ai pu photographier, les punks à chiens dans la rue n’ont pas été les moins « dociles à érotiser ». Avec leur look excentrique et leurs postures sur-jouées, ils véhiculent une image d’hypersexualité. Leur dégaine marginale nourrit une poésie en marge. Terrains vagues et pieds nus, trottoirs passants et mains tendues, sanitaires de fortune et fringues crades peuplent ces scènes de rue. Entre clichés volés et photographies construites, l’intime dans ces espaces dépourvus d’intimité saute aux yeux.

Jaillit du cadre, une liberté de point de vue. De la réalité rocailleuse aux fantasmes ruisselants d’imagination…

Utopistes (2006-2021).

Série de 99 photographies réalisées dans l’espace urbain (2006-2021).

Séries “des Cochons et des Fleurs”