IMAGES EN MARGE
Déclassées
Si tu travailles mal à l’école, qu’est-ce qu’on va faire de toi ? Tu veux finir sur un chantier ?
Mon objectif n’a pas vocation à changer notre regard sur des professions trop souvent associées à un milieu social défavorisé mais il pose la question de ce qu’est véritablement la réussite. Fidèle à ma volonté de rendre visibles les inégalités, cette série caricature la dictature glamour de l’industrie de la mode en encensant le vêtement de travail de l’ouvrier.
Cette série d’images “déclassées” se lit comme une revanche esthétique du prolétariat. Elle a été éalisée en grande partie dans les rues de Berlin à l’époque où son maire, Klaus Wowereit, déclarait fièrement que sa ville était « pauvre mais sexy » (« Berlin ist arm, aber sexy »).
L’homme à la tâche, en théorie, n’est pas en posture de séduction. Sa mission n’est pas de séduire mais bien d’accomplir. Pourtant, dans son bleu de travail, l’ouvrier symbolise l’homme actif dans toute sa splendeur. La sueur à l’ouvrage, la main à la pâte, sont autant de pulsions suscitées à ses dépens. Le détail sensuel jaillit alors subrepticement des codes stéréotypés à la racine du mâle. En exposant ces travaux en 2016, Nicole Canet (historienne et galeriste spécialisée dans la photographie du corps masculin) déclare à la presse : « Grâce à Marc Martin, je ne regarde plus du même œil les ouvriers dans la rue » !
Soucieux de parité, j’entame ensuite une série photographique où ce sont les femmes qui s’arment de clichés homo-érotiques pour mieux se démarquer de l’imaginaire pornographique gay. « Butch », mon diptyque impliquant Manuela Kay (célèbre figure du militantisme LGBTQI+) rejoint en 2020 les 100 œuvres queer choisies par le Schwules Museum de Berlin à l’instar d’« Une histoire du monde en 100 objets » au British Museum.