DIFFÉRENTES SORTES DE VIVANTS
Libertines
“Les plantes, à leur manière, s’envoient en l’air. Pire ! À les regarder de près, les végétaux apparaissent comme débauchés : les fleurs exhibent leurs organes reproducteurs en pleine nature ; fleurs mâles, femelles ou hermaphrodites copulent sans scrupule…”
Dominique Brancher, “Quand l’esprit vient aux plantes”, 2015.
Avant d’oser photographier les fleurs, j’ai longtemps tourné autour du pot. La plume subversive de Dominique Brancher m’a soudain ouvert les yeux : “Le monde végétal présente au grand jour tout ce que notre société condamne !”
En semant un narcisse poète et une jonquille jaune, deux pustules différents mais du même genre, en les regardant vivre l’un à côté de l’autre et vieillir ensemble j’ai été ébloui : c’est beau, les fleurs qui fanent aussi. Mes portraits de boutons dans leur maturité avancée brouillent les frontières “entre flore, faune et humanité.”
Quelques tiges dans un vieux vase me donnent toujours beaucoup de plaisir. J’assume que ce soit suspicieux pour un garçon comme moi d’aimer les renoncules et les tulipes ! Les fleurs flétries penchent vers d‘autres vies. Allégorie du corps vieillissant ou d’une libido mélancolique ? Mes images n’ont pas toutes pour objectif de révéler du sens. Comme le langage n’a pas toujours pour fonction de communiquer une information. Je me régale au cinéma quand je me perds dans un film… Au final, il n’y a pas une mais plusieurs interprétations possibles. La beauté des fleurs, elle, ne change pas.