ENTRE LES HEURES DE SERVICE…
Othmane
Je travaille beaucoup sur les apparences trompeuses. Le cinéma est le médium idéal pour raconter deux choses à la fois : il y a l’image en surface et tout ce qu’elle donne à voir dans la tête du spectateur. Othmane, jeune artiste non binaire, joue une chanteuse de cabaret. Sa féminité, véritable jeu de miroir dans le regard de spectateurs en quête d’épanouissement, devient le reflet d’une émancipation collective.
J’ai d’abord photographié Othmane dans le sous-sol de mon immeuble, éclairé aux néons, l’atmosphère que j’avais choisie pour le film. À voix nue, Othmane a fait résonner les paroles de la chanson avec une telle passion qu’elle devenait déjà politique.
Androgynie assumée et portée haut, Othmane est un tourbillon, un être de mouvement et d’impulsion bien décidé à tout emporter sur son passage. « J’ai 24 ans, je suis originaire du Sud-Ouest et j’habite à Paris depuis 3 ans. J’essaie de vivre mes rêves… ma première passion c’est le chant. Depuis tout petit… Je n’avais jamais fait une séance de studio, tourné un film, mais j’ai l’impression de m’être toujours préparé à ça ! J’aime ce personnage qui gère son cabaret, qui chante devant son public et rencontre un homme qui lui plait, qui est beau et charismatique. Et puis cette reprise d’Annie Cordy, orientalisée, j’ai pu y mettre ma patte, ça m’a ému.
On lui dit “elle”, on lui dit “lui” et il s’en contrefiche tellement qu’il se genre parfois au féminin le plus naturellement du monde au détour d’une phrase ou d’un souvenir. « Je ne joue pas avec le genre, c’est moi, je suis moi ! J’interprète ce rôle de femme trans mais, dans ma vraie vie, je ne cherche pas à ressembler à une femme ou à un homme, je suis un homme féminin.