Traces

Dans arcHIV. A Search for Traces, exposition consacrée aux traces que le sida a laissées dans les archives du Schwules Museum à Berlin, mon installation Spuren (traces en allemand) est constituée de 9 photographies. Elles ont été réalisées dans des anciennes toilettes publiques qui étaient restées fermées depuis les années 90. Sur les murs et les portes des cabines, les graffiti dataient de cette époque-là. Le mot AIDS (sida) écrit entre les lignes figurait comme une chape de plomb… Les auteurs de ces graffiti ont peut-être disparu aujourd’hui. Mais, dans ces anciens lieux de rencontres clandestines, les traces de leurs fantasmes sont restées sur les murs comme une empreinte de passage.

Le 1^er décembre 2022, Heiko Pollmeier, l’un des commissaires de cette exposition au Schwules Museum, a dédié Traces (Spuren) à la mémoire des disparus. A cette occasion, l’installation a été remontée et présentée en tant qu’objet du mois dans le café du Musée LGBTQ+ de Berlin.

Les 9 photographies qui composent cette installation parlent d’amour. Dans un langage cru, imagé. Traces de sperme, trous dans les parois, dessins obscènes ou humoristiques en composent les motifs. Les cadres blancs, disposés symétriquement, convoquent lignes droites et chemins égarés. Contenus et contenants se percutent. Redondance de blancheur dans le passe partout, couleur de l’absence et de l’au-delà, invisible. Comme une promesse d’éternité. Le rouge, couleur sang, domine (fig. 1.2.5.9). Synonyme de vie et donc… de mort. Le gris de l’ardoise (fig.9) n’est pas un noir et blanc qui évoquerait le passé. Le sida est toujours bien présent. Dans le corps des malades. Dans tous ceux qui ont perdu les leurs. Il fait partie de notre histoire. A Berlin, et partout ailleurs.

J’espère qu’un jour à Paris, le projet de musée LGBTQI+ finisse par voir le jour. Que notre mémoire en marge ne s’efface pas avec le temps qui passe…

P.S. Ich liebe dich :/:* (fig.9)