DANS LE PLACARD DE LA BELLE HISTOIRE

MAUVAISES VIES ?

Archives en vie(s)

Comment l’histoire queer, peut-elle être non seulement préservée, mais aussi maintenue en vie ? Interlope, longtemps archivée de manière souterraine, elle s’écrit dans Mauvaises Vies ? en miroir de mes photographies… En 2017 déjà dans « Toilettes Publiques – Affaires Privées », exposition inaugurée au Schwules Museum, je tissais des ponts entre des lieux de mémoire disparus et la survie des contre-cultures. Aujourd’hui avec l’aide de Romain Pinteaux, archiviste du musée LGBTQI+ de Berlin, Mauvaises Vies ? pose la question de l’invisibilisation de l’histoire LGBTQI+ par le passé et sous l’ère Trump. L’exposition fait de la résistance à l’oubli.

Selon Romain Pinteaux dont le travail s’attache aux collections d’artistes et d’écrits en marge, l’archivage du musée queer n’est pas seulement un sous-sol poussiéreux qui stocke bien rangées des choses du passé mais un lieu vivant où l’on peut repenser et réfléchir ensemble et nous aide à repenser l’avenir pour nos communautés ! « C’est comme un lieu de rencontre, dit-il : il y a toujours quelque chose de fétichiste dans le fait d’être avec des inconnus dans une petite pièce tranquille, de porter des gants, de faire dialoguer sexualité avec exploration… La réutilisation de ce matériel d’archives dans l’art contemporain et les projets underground est au cœur de Mauvaises Vies ? ».

Le témoignage de Jean-Pierre Espérandieu, né en 1946, qui explore sa sexualité dans les vespasiennes de Paris pendant les années 1960 décrit ces espaces publics comme des bulles de liberté dans une société qui rejetait et classifiait l’homosexualité comme une maladie mentale. Ses paroles résonnent avec les propos de Jona James, jeune homme trans, qui grandit aujourd’hui avec ces relents nauséabonds. La stigmatisation qui se répète dans l’Histoire et qui divise la communauté queer fait l’objet d’un entretien filmé avec Gerard Koskovich, projeté dans l’exposition.

Les rencontres [Les tasses], Marc Martin, 2017 (fragments).

Extrait de l’entretien avec Gerard Koskovich, historien indépendant et membre fondateur de la GLBT Historical Society à San Francisco.
Fig 1. Répression autour des pissotières de Paris, lieux de rencontres notoires entre homosexuels. Circa 1930.
Fig 2. Illustration du cabaret queer berlinois par Dugo (

Les rencontres [Les tasses], Marc Martin, 2017 (fragments).

Extrait de l’entretien avec Jean-Pierre Espérandieu (1946-2020).

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