FONTAINE, JE NE BOIRAI PAS DE TON EAU*

le corps dans le décor(p)s

Boire la tasse

Dans le cadre de l’exposition La Morsure des Termites au Palais de Tokyo (qui propose une relecture du graffiti comme un romantisme du vandalisme dans l’espace public), Aline Bouvy explore l’histoire des urinoirs publics : Fontaine, je ne boirai pas de ton eau, une conférence/performance qui fera la part belle aux fameuses « tasses ».
– Vous avez soif ?
– Rendez-vous au Palais de Tokyo*, ou boulevard Arago, autour de la dernière vespasienne de Paris avec le binôme AlArmand.

Fontaine, je ne boirai pas de ton eau – Une brève introduction à l’élasticité de la paroi vésicale dans l’espace public. Palais de Tokyo, le 28 juin 2023 à 18h30.

– Vous reprendrez bien une petite tasse ?

On surnommait les pissotières « des tasses » vraisemblablement à cause de leur forme de théière. Mais il existe tout un glossaire lié à mon édicule fétiche. Par exemple, une « chapelle » : ce terme était employé dans l’argot homosexuel pour désigner les vespasiennes circulaires fin XIXe, début XXe. Celui qui, dans une pissotière à trois places, occupait la stalle du milieu “faisait chapelle”. Des chapelles pas très catholiques : la place du milieu étant donc celle courtisée par celui qui fréquentait ces lieux par plaisir, et non par besoin. «Faire chapelle», c’était se positionner au centre, avoir un point de vue de droite et de gauche sur ses voisins de stalle, et ne pas être pressé de céder sa place.
La dernière vespasienne de Paris n’est pas du genre très conviviale. C’est une « causeuse » à deux places (disjointes). Et à deux pas de la prison de la santé (tant qu’à faire). Le binôme AlArmand, le temps du tournage, a transformé cette vespasienne moribonde en un joli petit salon de thé. Très vivant.

Boire la tasse (Marc Martin, 2023).
Court métrage autour de la performance du Binôme AlArmand (2019) dans la vespasienne du boulevard Arago à Paris.
Texte : Binôme AlArmand (2019) sur une musique additionnelle (extraite d’une chanson paillarde A Voiles et à Vapeur d’André Mathis, 1979).