RIDEAU !
Boxeur vs Ballerine
« Y a le voyou du jour, qui a une petite gueule d’amour
Dans la rubrique du vice, y a l’assassin de service
Qui n’a pas du tout l’air méchant, qui a plutôt l’œil intéressant… »
Barbara, Si la photo est bonne, 1965
Le boxeur et la ballerine, synonymes réciproquement de virilité et de virtuosité, pratiquent des disciplines sportives apparemment aux antipodes l’une de l’autre. Je les fais dialoguer parce qu’elles fusionnent en coulisses : Monter sur ses orteils n’est pas moins « couillu » que de monter sur un ring pour esquiver la branlée.
Donner au spectateur l’illusion de s’envoler et devoir masquer sa chute, les pieds en sang, dans des ronds de jambes agonisants, ce n’est pas glamour pour un sou. La corde à sauter et les pas chassés font aussi partie de l’esthétique de la boxe. Du travail sur pointes aux coups de poing, c’est la même pirouette et les mêmes hématomes à la fin. Ballet classique ou noble art, pour quelques minutes spectaculaires sous les projecteurs, c’est la même dictature physique, le même corps sacrifié, dominé par les normes de la représentation… Déconstruire la performance de la scène, c’est reconstruire l’envers du décor. Et c’est bien là tout l’enjeu de Beau Menteur : boxer les préjugés.