RIDEAU !
série Beau Menteur
Boxeur vs Ballerine
« Si les rêves d’enfant ça n’sert à rien quand on est grand, fallait m’le dire
J’en n’aurais pas fait, et à crédit, de si jolis… »
Annie Cordy, Fallait m’le dire, 1970. Paroles Jacques Mareuil.
Le boxeur et la ballerine, synonymes réciproquement de virilité et de virtuosité, pratiquent des disciplines sportives apparemment aux antipodes l’une de l’autre. Je les fais dialoguer parce qu’elles fusionnent en coulisses : Monter sur ses orteils n’est pas moins « couillu » que de monter sur un ring pour esquiver la branlée.
Donner au spectateur l’illusion de s’envoler et devoir masquer sa chute, les pieds en sang, dans des ronds de jambes agonisants, ce n’est pas glamour pour un sou. La corde à sauter et les pas chassés font aussi partie de l’esthétique de la boxe. Du travail sur pointes aux coups de poing, c’est la même pirouette et les mêmes hématomes à la fin. Ballet classique ou noble art, pour quelques minutes spectaculaires sous les projecteurs, c’est la même dictature physique, le même corps sacrifié, dominé par les normes de la représentation… Déconstruire la performance de la scène, c’est reconstruire l’envers du décor. Et c’est bien là tout l’enjeu de Beau Menteur : boxer les préjugés.
Séries extraites de Beau Menteur