LE GOÛT DU FANTASME AU LONG COURT

série Les Tasses

Cabine avec vue

Toute forme de photographie recèle une part de voyeurisme. Infime ou infâme. Cette série n’y déroge pas. Le regardeur saute à pied joint dans cette cabine. Justement parce qu’elle occupée, justement parce que les parois sont trouées.
Représenter le voyeurisme en art serait-il la manière la plus hypocrite d’être voyeur ?

C’est le regard qui est mis en scène dans cette série. L’obscène surgit hors-champ, dépend du non-dit et s’impose subrepticement. L’obscénité ne se réduit pas à la pornographie. Tout ce qu’une morale donnée condamne échappe ici au cadre. Mais que le regardeur soit mis devant le fait accompli, voilà ce qui est obscène pour lui. En jouant avec son indiscrétion, cette série fait du regardeur un complice. Un voyeur en toute impunité. Pris au piège par l’intimité partagée avec le sujet.

Il est à la fois projeté dans un lieu supposé sale et dans un lieu propre à l’aventure. Les repères esthétiques se dérèglent. Chaque prise engendre une ouverture et transforme ces chiottes en “chambre avec vue”. L’espace étroit, soudain, s’étend à un imaginaire immense. La porte s’ouvre à l’interdit, comme autant de barrières sociales qui s’effondrent… Les cloisons s’effacent, reliées par ce trou, tunnel de tentations.

Cabine avec vue, Marc Martin (2017).

Série photographique couleur. Impression jet d’encre pigmentaire sur papier baryté.
Formats variables. Tirages limités à 5 exemplaires. Fragments.

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